Trois écrivains surréalistes emprisonnés à Jacques-Cartier en 1940.

Alors que se multiplient les événements autour des 100 ans du surréalisme il faut noter que 3 acteurs de ce mouvement sont passés par la prison Jacques-Cartier en 1940 et ont été libérés par les allemands.

Benjamin Péret au centre du tableau de Marx Ernst « Au rendez-vous des amis »

Benjamin Péret : Écrivain surréaliste, fondateur et directeur de la revue La révolution
surréaliste dirigée ensuite par André Breton.
Léo Malet : poète surréaliste et trotskiste, membre du groupe La Main à plume, puis
auteur de nombreux romans policiers, notamment Nestor Bruma.
Jean-François Chabrun : poète surréaliste, résistant, journaliste, écrivain et critique
d’art. Suit des études supérieures à Rennes puis à la Sorbonne. Fondateur de la Main
à plume.
En 1940, pendant la drôle de guerre, à la suite d’une perquisition à son domicile rue
Legraverend à Rennes, Jean-François Chabrun est arrêté et incarcéré pour détention de
tracts défaitistes et actes de nature à nuire à la défense nationale. Après lecture du
courrier trouvé à son domicile, Léo Malet et Benjamin Péret sont arrêtés à Paris pour
« Atteinte à la sûreté de l’Etat » et reconstitution de ligue dissoute (trotskiste) puis transférés
à la prison de Jacques-Cartier à Rennes en mai 1940.

« soumis à un régime de haute surveillance sans aucune communication avec l’extérieur, sans lecture, livré entièrement à la bestialité des gardiens» B. Péret
« Pour aller au parloir, à la douche, à la promenade — un quart d’heure par jour dans une
cour divisée en quartiers triangulaires, à chacun son triangle — les détenus portent une
cagoule, qu’ils relèvent légèrement en cachette pour éviter de tomber dans les escaliers à
claire-voie. »
« Péret, baissez la cagoule ou coupez la tête ! » crie un jour un gardien. C’est ainsi que
Chabrun va apprendre la présence de Benjamin Péret à la prison de Rennes.
Un peu plus tard, il siffle à tout hasard « Le Pas des Pélicans » (L’hymne du groupe
surréaliste Les Réverbères) De l’autre côté du mur, un siffleur différent reprend l’air. Il
s’agit de Léo Malet, qui a instantanément compris : ‹ C’est Chabrun ! ›. »

Extrait de l’écrou de Péret et Malet à leur arrivée à Jacques-Cartier

Dans les jours qui suivent leur arrivée à Rennes le 18 juin, les allemands libèrent 22
détenus de Jacques-Cartier. Parmi eux Léo Malet, Jean-François Chabrun et Benjamin
Péret (ce dernier, contre une rançon ou un possible pot-de-vin, versé par ses amis
trotskistes).
Benjamin Péret retourne dans Paris occupé, où très vite des journaux de la collaboration
le désignent, lui et Breton, à la vindicte publique. Il rejoint André Breton à Marseille puis
réussi à quitter le pays et à s’exiler au Mexique.
Léo Malet, parti à pied sans délai à Paris, est rattrapé par une patrouille de la Wehrmacht
et, bien que civil, expédié comme prisonnier de guerre dans un stalag parce qu’il aurait
porté un uniforme français au moment de son arrestation. Après dix-huit mois de captivité,
rapatrié pour raisons sanitaires, il regagne Paris où il se joint au groupe La Main à
plume.