Au colloque Enfants et Justice du 1er mars, Alain Vilbrod, Professeur émérite de sociologie à l’université de Brest nous livrera son expertise sur la justice des mineurs et la Bretagne.
Peut-il y avoir une spécificité bretonne là où, en matière de juridiction des mineurs, le
régime régalien indifférencié à l’échelle de l’Hexagone vaut loi ? La question est bien
délicate. Ce qui est certain, c’est que la Bretagne a été, voire demeure une terre
d’élection pour bien des formes d’accompagnement novatrices en direction des mineurs
justiciables. Pour quelles raisons l’Ouest de la France se distingue-t-il ainsi ?
Alain Vilbrod rappellera la filiation catholique de nombre d’établissements encadrant les
enfants perdus dès le XIXème siècle, le caractère péninsulaire qui s’est bien accordé à
une certaine « mystique rustique » prônant la régénération des jeunes délinquants, et les
affres du pénitencier de Belle-Île, qui n’ont pas été pour rien dans les initiatives
pédagogiques fleurissant dès le début des années 1940.
Il en viendra alors à la place des juges pour enfants, au rôle joué par des assistantes
sociales « près les tribunaux », et en quoi les dites « Sauvegarde », animées au départ par
des anciens scouts, répondront « toujours prêts » et vont faire de la Bretagne un modèle
du genre.
Le dernier temps se portera sur tous ces fonctionnaires militants qui ont mis en place
une sorte « d’économie mixte », au défi présentement d’un social émietté et fragilisé par
l’obsession comptable, les idéologies sécuritaires et le management d’un service public
quelque peu à la dérive…