Madame peine de mort – Histoire et abolition

 

« Madame Peine de mort »

Madame Peine de Mort est très ancienne, les historiens décèlent déjà son existence dans le code d’Hammourabi datant du IIème siècle avant J-C. Ses actes sont donc très nombreux, elle constitue la clef de voûte du système répressif français. Son but est de punir les individus ne respectant pas les règles de vie en communauté. Elle souhaite dissuader et mettre hors d’état de nuire. 
Lors de la Grèce antique, elle est défendue par Aristote quand la réhabilitation du criminel est impossible. Protagoras critique l’esprit de vengeance de cette dernière mais estime que la peine qu’elle inflige doit être exécutée pour protéger la société. Durant la Rome antique, Madame Peine de Mort exerce peu, ses actes deviennent exceptionnels. Suivant l’influence de Monsieur christianisme et son principe « tu ne tueras point », l’Empire Byzantin a eu de moins en moins recours à Madame Peine de Mort. Par la suite, en territoire français, Madame Peine de Mort est pointée du doigt par le mouvement abolitionniste sévissant à Paris à partir de 1757, il a connu son essor avec l’ouvrage de Cesare Beccaria Des délits et des peines constatant l’inefficacité des actes de Madame Peine de Mort. En 1829, la publication du livre Le dernier jour d’un condamné de Victor Hugo relance le débat, sa destitution est discutée mais finalement rejetée par les parlementaires français. 
Madame Peine de Mort agissait sous le joug de la juridiction judiciaire. Elle effectuait des différences de jugement entre les criminels, sa proie de prédilection était notamment le meurtrier de sexe masculin. Durant ses années d’exercice, elle a eu différents modes d’exécution. Elle perfectionne son champ d’action au fil de sa pratique, elle était très attachée à la guillotine mais la strangulation, la chaise électrique, l’injection létale, la lapidation ou la pendaison pouvaient être ses armes. 
Ses victimes sont très nombreuses. En 1852, à Rennes, elle s’en prend à Hélène JÉGADO, l’empoisonneuse, après que celle-ci ait été accusée d’attenter à la vie de 97 personnes et jugée d’en avoir tué 36. En 1922, Madame Peine de Mort tue Henri Désiré LANDRU accusé d’avoir calcinée 11 femmes après avoir utilisé d’innombrables pseudonymes pour attirer dans ses filets des femmes dans le but de les escroquer. En 1939, à Versailles, elle guillotine Eugène WEIDMANN, un tueur en série allemand, ce criminel utilise son physique avantageux pour piéger ses victimes, les enlever puis les étrangler après les avoir droguées pour récupérer leur argent. La même année, elle exécute Maurice PILORGE à Rennes, lequel avait tué son compagnon avec un rasoir. En 1943, Madame Peine de Mort, se rend coupable de l’exécution de Czeslawa BILICKI qui avait tué puis découpé le corps de son mari avec l’aide de son amant pour refaire sa vie. En 1949, Germaine LELOY est également passée par sa lame affûtée suite au meurtre de son époux à coups de hache pendant son sommeil. En 1972, elle s’en prend à Gabriel BUFFET ayant tué une femme et deux personnes prises en otage par ce dernier durant son incarcération ainsi qu’à Roger BONTEMS, compagnon de cellule de Buffet, complice de la prise d’otage. En 1976, Madame Peine de Mort décide d’exécuter Christian RANNUCI pour l’enlèvement et le meurtre d’une fillette de 8 ans. 
Madame Peine de Mort a donc dans son viseur des profils variés, toujours dans l’espoir de maintenir l’ordre et d’éliminer les criminels dangereux. En 1977, Patrick HENRY échappe à cette dernière grâce au plaidoyer de Robert Badinter défendant son abolition. HENRY était accusé d’avoir enlevé un enfant de 7 ans, l’avoir étranglé puis l’avoir enroulé dans un sac de couchage. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. La même année, en 1977, Madame Peine de Mort commis son dernier meurtre en exécutant Hamida DJANDOUBI ayant torturé et tué une femme de 22 ans. 
L’intervention de Madame Peine de Mort est hétérogène, elle agit principalement pour des crimes, rarement pour la complicité ou la tentative. Elle est très influencée par les positions politiques et l’opinion publique. Elle prit finalement sa retraite de justicière avisée le 18 septembre 1981 après tant d’années de service auprès des autorités françaises. L’homme a l’initiative de son abolition est Robert Badinter, avocat connu pour son hostilité à ses méthodes d’agissement. De nos jours, sa déchéance est constatée dans la Constitution française et dans de nombreux textes internationaux. Aujourd’hui, 40 ans après son abolition, sa mise à la retraite, il s’agit de juger ses crimes, son domaine d’intervention durant plus de 20 siècles. 
Association S’Éveiller