Maurice Pilorge – Portrait d’un condamne à mort

Maurice Pilorge

19 mai 1914 – 4 février 1939


Maurice Pilorge est né à Saint-Malo le 19 mai 1914. Orphelin de père, élevé par sa grand-mère
jusqu’à l’âge de neuf ans, il est ensuite confié à sa mère, remariée. C’est un enfant turbulent que sa
mère décide de placer dans une ferme de la Creuse. Suite à des vols à répétition, il est emprisonné
puis placé dans une maison de correction près de Tours d’où il s’échappe pour être repris et envoyé
au bagne de Belle-Ile-en-mer. A Villeneuve sur Lot où il est transféré il adopte un comportement
plus calme.

Revenu à la vie civile en juillet 1938 après avoir déserté du 129e régiment d’infanterie du Havre, il
commet de nombreux vols à Deauville, se rend à Paris où il se lie d’amitié avec Nector Escudero y
Mendizabel un prostitué et proxénète mexicain qui devient son amant. Le même mois, il s’installe à
Dinard et cambriole une maison pour un butin composé de bijoux et d’une forte somme. En août,
Escudero le rejoint mais leur relation se détériore et les deux amants finissent par se battre un soir
devant le casino de Dinard.

Pilorge tue son compagnon avec un rasoir et prend la fuite. Interpellé puis emprisonné à Saint-
Malo, il parvient à s’évader. Il est néanmoins repris le 3 novembre 1938 au cours d’une arrestation mouvementée durant laquelle un gendarme est grièvement blessé. Il est écroué à la prison Jacques Cartier le 7 novembre 1938.

Défendu par Me Gustave Bourdon, un ténor du barreau, il est jugé à Rennes et condamné à la peine
capitale le 17 novembre 1938. Maurice Pilorge accueille la nouvelle avec désinvolture. Il refuse la
grâce que souhaite lui accorder le président de la République Albert Lebrun et bénéficie d’un sursis
de 24 heures car le bourreau, Anatole Deibler, venu de Paris, succombe à un infarctus juste avant de
prendre son train à Montparnasse.

Maurice Pilorge  Ecrou d’excécution AD35

Le matin du samedi 4 février 1939 il est mené à la guillotine devant laquelle il taquine son bourreau,
Jules-Henri Desfourneaux, adjoint de Deibler : « …je comprends que vous soyez pressé, pas moi…. ». Puis, dans une ultime facétie, il réclame sa dernière cigarette. A 6h54 le couperet s’abat sur Maurice Pilorge.

En 1942, alors qu’il est interné à la prison de Fresnes, Jean Genêt compose un long et beau poème , le
condamné à mort* dédié à Maurice Pilorge, dans lequel il déclare l’avoir connu en prison et dit
toute la fascination que le beau voyou exerçait sur lui. Rien, cependant, n’atteste qu’il ait pu le
rencontrer.

* De ce long poème un extrait a été tiré, mis en musique par Hélène Martin et chanté par de
nombreux interprètes : Jacques Douai, Marc Ogeret, Etienne Daho ….