Canal B capture le vernissage de l’exposition sur l’abolition de la peine de mort au Parlement de Bretagne

Le vernissage de l’exposition sur l’abolition sous l’angle du micro de Canal B

 

Dans un podcast de la série l’arène par la Radio Canal B, Lucie Louapre et Yousra Bedanni ont capturées les interventions des différents acteurs du vernissage du 29 avril dernier au Parlement de Bretagne. Christian Gentilleau et Françoise Cognet, respectivement président et vice-présidente de l’association y exposent l’intérêt citoyen de l’association Champs de Justice et explique le besoin auquel réponds cette exposition. Un besoin unanimement reconnu par les acteurs du monde de la Justice, dont les discours ont également été capturés.

 

Retrouvez le podcast en entier via ce lien : https://canalb.fr/larene/2307

Cette exposition parrainée par Robert Badinter, relate les combats pour l’abolition de la peine de mort à travers les engagements de Victor Hugo, Jean Jaurès, ou encore plus récemment Jacques Chirac ou encore Edmond Hervé à l’échelle locale. Pour plus d’informations le site internet que je donne tout de suite Champsdejustice.fr. Vendredi 29 avril était le moment du vernissage en présence de plusieurs professionnels du monde de la Justice. On les cite : Xavier Ronsin Premier président de la Cour d’appel de Rennes, Frédéric Bennet Chambellan qui est procureur général toujours près de la CA de Rennes et puis maître Eric Lemonnier Bâtonnier du barreau de Rennes dont vous aller entendre les voix dans le reportage. Reportage de Yousra bedanni qui est étudiante en stage pour l’Arène.

Christian Gentilleau : Mesdames, Messieurs les avocats, représentants d’association et tous les citoyens présents. L’association Champs de Justice remercie chaleureusement le chef de Cour d’accueillir cette exposition sur l’abolition de la peine de mort, dans les lieux où ont été jugés les derniers condamnés à mort condamnés à Rennes.

Champs de Justice est une association de citoyen née il y a 6 ans dans le but de développer la connaissance de la Justice et de développer des outils permettant de rapprocher les citoyens du monde de la Justice.

Xavier Ronsin : Célébrer l’abolition de la peine de mort c’est une grande fierté pour moi. Quelques souvenirs personnels. Quand j’ai commencé mes premiers pas dans la magistrature c’était en 1980, la peine de mort existait. Le grand soulagement lorsqu’en 1981…

Journaliste : L’exposition sur les 40 ans de l’abolition de la peine de mort avait déjà été présentée en Octobre dernier sur les murs de l’ancienne prison Jacques Cartier puis avait été déplacée au 4bis. Pourquoi avoir fait ce choix de la représenter à nouveau aujourd’hui au Parlement ?

Christian Gentilleau : Alors elle est restée quelques heures sur les murs de la prison Jacques Cartier, suite à des dégradations importantes et la ville de Rennes a accepté de la réimprimer. Ce qui nous a permis dans un premier temps de l’exposer au 4bis, mais ils nous a semblé qu’il était important de la mettre également à la disposition du public, dans ce lieu, dans ce palais de Justice, qui a vu un certain nombre de personnes qui ont été condamnés à mort dans ces murs.

Frédéric Bennet Chambellan : L’invitation de l’acte citoyen, des jeunes en particuliers mais pas seulement. Tous travaillent à la compréhension de la justice qui fait grandement défaut dans ce pays. Il est certain que dans ce pays le fonctionnement de la Justice, de ses enjeux et de son avenir sont très grandement ignorés de nos concitoyens ou alors méconnus qu’à travers des présupposés qui sont l’exacte inverse de la façon dont les choses se passent réellement. Je voudrais saluer ce travail qui permet de remettre les choses à l’endroit.

Christian Gentilleau : A Rennes, il y a deux criminels qui ont été exécutés devant la prison Jacques Cartier. Les derniers condamnés en 1946 et 1947 étaient des militaires nazies allemands qui ont été condamnés à mort dans ces lieux et ont été exécutés à Rennes.

Journaliste : Comment a été pensé l’exposition, y a t il un fil conducteur ?

Christian Gentilleau : Oui, nous sommes partis si vous voulez de la Révolution qui a instauré la guillotine pour tous alors qu’auparavant, la guillotine était réservé à certaines élites. Le supplice de la roue était employé. Et nous avons ensuite progressivement fait état des grandes personnalités qui ont combattus pour aboutir à l’abolition de la peine de mort.

Eric Lemonnier : Je crois que c’est acquis, pour moi s’en est un, j »espère que c’est un acquis pour tout le monde mais malheureusement pas. C’est encore un combat que vous menez avec cette exposition don je suis très fier. L’intérêt d’une telle exposition est, je le répète parce que je l’ai déjà dit ici même, c’est important pour les jeunes, scolaires, lycées etc…je donne des cours moi aussi et je constate la méconnaissance du droit dans les collèges et lycées. Je crois qu’il y a beaucoup à faire car cette méconnaissance contribue à ce débat parce que les jeunes avec leurs parents sont sensibles à des situations extrêmement âpres, dont on entend parler. Je pense que cela entretient le débat et si on avait une meilleure connaissance de ce qu’est le droit, l’évolution du droit, les principes qui sont effectivement acquis maintenant, on aurait peut être moins besoin de cette exposition. On en a besoin, malheureusement, mais tant mieux puisqu’elle est vraiment très utile.

Journaliste : Pourquoi pensez vous qu’il est nécessaire de continuer de parler de ce sujet ?

Françoise Cognet : Les mentalités et les évolutions du gens se transforment au fil du temps, de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils rencontrent et de certains a priori qu’ils peuvent avoir. Mais c’est vrai qu’on peut parfois comprendre entre guillemets que des personnes réagissent de façon abruptes parce qu’elles ont été confrontées à des situations délicates ou alors elles n’ont pas compris réellement ce qu’était la peine et le sens de la peine qui doit permettre normalement l’insertion.

Christian Gentilleau : Tout simplement parce qu’il est évident que dans les consciences il y a des débats et que cette abolition n’est pas évidente pour tout le monde. Il est important de rappeler l’importance de cette loi et de cette décision.

Journaliste : Avez-vous l’impression que parfois il peut y avoir en France une forme d’amnésie avec ce pan de l’Histoire, sur le fait de se dire « la peine de mort a existé en France il n’y a pas si longtemps que ça » ?

Christian Gentilleau : Il est certain qu’après un fait divers il y a encore un esprit de vengeance et que le rappel des faits historiques est important.

Journaliste : Y-a-t-il d’autres projets à venir pour Champs de Justice ?

Christian Gentilleau : Oui, de nombreux projets. Nous seront présents par exemple aux journées européennes du Patrimoine à la prison Jacques Cartier en septembre. L’aboutissement serait pour nous que dans ces locaux immenses de Jacques Cartier au delà d’un aspect historique on puisse y localiser la justice et nous pensons notamment à une reconstitution d’un prétoire, d’une salle d’audience pour le montrer aux scolaires, y faire des procès fictifs pour montrer le fonctionnement de la justice aux scolaires et à tout citoyen.